À l'issue d'un mercato estival qui a bouleversé l'effectif parisien, l'incertitude planait sur l'Adidas Arena. Le départ de TJ Shorts vers le Panathinaïkos, de Tyson Ward vers l'Olympiakos et du Coach Tiago Splitter vers la NBA (Portland Trail Blazers) laissait un vide béant. Pourtant, après sept premières rencontres disputées entre l'Euroleague et la Betclic Elite, Paris Basketball dégage déjà des signaux extrêmement encourageants pour la suite de la saison. Avec un bilan de 3 victoires pour 1 défaite en Euroleague (victoires contre le Maccabi Tel-Aviv, Bologne et Baskonia, défaite à Fenerbahçe le champion en titre en ouverture), les Parisiens démontrent que la transition sous le nouveau coach Francesco Tabellini s'opère dans de bonnes conditions.
Le début de saison en Betclic Elite est plus contrasté avec 1 victoire et 2 défaites, notamment deux revers au Mans (avec un effectif diminué) et face à Monaco sans Justin Robinson. Mais l'essentiel est ailleurs : cette équipe possède une identité forte, une profondeur d'effectif inédite et des individualités capables de faire basculer un match. L'optimisme est de mise à l'Adidas Arena.
Les grandes satisfactions
Nadir Hifi : l'éclosion en leader
Le combo français de 23 ans réalise un début de saison tonitruant. Meilleur marqueur de l'Euroleague après quatre journées avec 23,2 points de moyenne, Nadir Hifi nous fait découvrir une nouvelle facette de son jeu. Moins individualiste que par le passé, il endosse désormais un rôle de dynamiteur collectif, capable d'impliquer ses partenaires tout en conservant son agressivité naturelle et sa confiance inébranlable dans son tir.
Son match clinique contre Baskonia est une référence : 29 points (record personnel battu de quatre unités), 8/9 à deux points, 5 passes décisives, 4 interceptions et 0 balle perdue pour 32 d'évaluation. Ces trois paniers consécutifs à mi-distance en 30 secondes en fin de premier quart-temps, ou encore ce trois-points cerise sur le gâteau à 23 secondes du terme, illustrent parfaitement la dimension qu'il peut prendre cette saison.
La régularité est au rendez-vous : il a franchi la barre des 20 points lors de chacune de ses quatre sorties en Euroleague, avec un temps de jeu moyen de seulement 22 minutes. Seuls Kendrick Nunn (21,8 points) et Jordan Nwora (20,3 points) gravitent dans la même sphère que le Français, qui s'impose comme le leader technique et offensif incontesté de cette équipe parisienne.
Daulton Hommes : la révélation
Enfin débarrassé des soucis physiques qui ont plombé sa saison dernière, Daulton Hommes (2m03, 29 ans) est LA révélation de ce début de saison. Installé au poste 3, l'ailier américain affiche des statistiques impressionnantes : 9,4 points de moyenne avec un pourcentage au tir stratosphérique de 62,1% et un remarquable 55,6% à trois points.
Moins unidimensionnel que l'année dernière où il était cantonné au rôle de "stretch four", Hommes s'est révélé être un gros défenseur sur l'homme, capable de prendre en charge les meilleurs joueurs adverses. Son énergie communicative et sa capacité à impacter les deux côtés du terrain en font un candidat sérieux au statut de nouveau chouchou de l'Adidas Arena. Sa performance face à Monaco (14 points, 3 rebonds) et sa régularité globale confirment qu'il est désormais un élément essentiel de l'effectif.
Amath M'Baye : l'expérience au service du collectif
Le vétéran apporte exactement ce que Paris attendait de lui : du leadership, du calme et de la régularité. Sa capacité à poster en attaque amène de la variété dans le jeu parisien et lui permet de créer des décalages. Son adresse à trois points est encore irrégulière mais apporte un danger constant : 60% en Betclic Elite mais 27% en EuroLeague.
Sa première saison en France confirme qu'il peut être un leader sur le terrain, capable de stabiliser l'équipe dans les moments difficiles. À 14,7 points de moyenne en Betclic Elite, M'Baye démontre qu'il a encore beaucoup à apporter.

Yakuba Ouattara : le renouveau
Yakuba reprend avec brio le costume de Tyson Ward, s'occupant des meilleurs meneurs adverses avec une intensité remarquable. On se souvient notamment de son travail défensif sur Mike James lors du match contre Monaco. Fort en défense comme à son habitude, Ouattara affiche une différence notable par rapport à l'année dernière : il est désormais à l'aise en attaque.
N'hésitant plus à attaquer férocement le cercle en faisant parler son physique, il profite également d'une meilleure adresse de loin (32,5% à trois points en Euroleague). C'est le jour et la nuit en attaque comparé à la saison précédente, ce qui en fait un joueur désormais essentiel à l'équilibre de ce Paris Basketball. En Betclic Elite, il compile 11,3 points, 1,7 rebond et 3,3 passes décisives, démontrant sa polyvalence.
Les satisfactions confirmées
Sebastian Herrera : épanoui au poste 2
Longtemps en dehors des rotations de coach Splitter l'année dernière, Herrera semble pleinement intégré et épanoui sous les ordres de Francesco Tabellini. Son activité et son intensité sont au top. Avec 13,5 points de moyenne en Betclic Elite (50% à trois points) et 7,8 points en Euroleague, il apporte de la régularité dans l'adresse et aide considérablement le spacing parisien.
Son match contre Le Mans (19 points) et sa performance face à Baskonia (14 points, 4/8 à trois points) illustrent ainsi son importance dans les rotations. À 90% aux lancers francs en Euroleague, Herrera est également fiable dans les moments décisifs.
Mouhamed Faye : physique et potentiel
Le jeune pivot sénégalais de 20 ans impose sa présence physique qui en fait le point d'ancrage de la défense parisienne. Sa mobilité latérale est très intéressante et permet à l'équipe de switcher sur les écrans. Avec une grosse activité au rebond, il rassure et amène des possessions supplémentaires.
Attention toutefois, Faye doit gagner en dureté pour contrôler plus facilement les rebonds. Trop souvent, il se fait arracher le ballon des mains alors qu'il avait capté le rebond. Avec 66,7% de réussite au tir en EuroLeague, le jeune intérieur montre néanmoins des qualités offensives prometteuses.

Derek Willis : Monsieur Propre
À 29 ans, Willis a des airs de "daron de la raquette parisienne". Dur au mal en défense, il ne faut surtout pas lui laisser un centimètre derrière l'arc à trois points depuis le début de la saison car il dégaine sans hésitation. Avec 7,3 points et 5,5 rebonds de moyenne en EuroLeague, il apporte de la stabilité et de l'expérience. Sa performance contre Baskonia (7 points, 12 rebonds) illustre son importance dans l'équilibre de l'équipe.
À Confirmer
Allan Dokossi : l'impact player irrégulier
Létal en contre-attaque et impact player en défense grâce à son envergure impressionnante, Dokossi est intéressant au poste 5 dans ce système. Il doit néanmoins gagner en régularité. Capable d'être un game changer comme d'être un peu transparent, il affiche une belle marge de progression.
Avec 7,5 rebonds de moyenne en seulement 17 minutes de jeu en EuroLeague, Dokossi possède les outils pour devenir un élément majeur de la rotation. Son profil polyvalent permet notamment à Paris d'aligner des cinq petits très mobiles, avec Dokossi compensant son manque de puissance par sa longueur et ses capacités athlétiques.
Justin Robinson : le X-Factor
Le meneur de 27 ans a besoin d'enchaîner les matchs. Le petit échantillon semble intéressant, notamment en attaque : dribble, création, tir de loin, de près, le monsieur a beaucoup de choses dans son arsenal. Avec 17 points et 4 de passes de moyenne dans ses premiers matchs, Robinson montre tout son potentiel.
Son match contre Baskonia (21 points à 11/12 aux lancers francs) démontre sa capacité à prendre le jeu en main. Défensivement, il ne s'échappe pas non plus. S'il enchaîne, Robinson peut être le "monsieur plus" de Paris, et les Parisiens pourraient bien être encore une fois la surprise de la saison en Euroleague.
Jeremy Morgan : en quête de confiance
Défensivement intéressant par son envergure et sa mobilité, Morgan est encore discret en attaque. Effacé par moments et irrégulier dans l'adresse, il a néanmoins montré contre Baskonia (12 points à 4/6 à trois points) qu'il pouvait être dangereux quand il prend confiance. Cette performance doit lui servir de déclic pour prendre le rythme et s'affirmer davantage.
Ilian Moungalla : encore tendre
L'échantillon contre Le Mans a été intéressant pour le jeune espoir. Moungalla semble pouvoir être en mesure de reposer les cadres créatifs lors des petits matchs de Betclic Elite. Encore trop juste pour le très haut niveau en Betclic ou en Euroleague, il doit déjà être une valeur sûre en défense grâce à son physique. En attaque, son manque d'expérience et de constance à trois points le pénalise un peu pour apporter un danger constant au-delà de sa capacité à attaquer l'intervalle.
Se relancer
Joël Ayayi : trop effacé
L'ancien joueur de la JL Bourg n'a pas encore pris la mesure du maillot parisien. Trop effacé en attaque. Il semble manquer de confiance pour pleinement s'exprimer. On sent qu'il a les capacités, mais il a tendance à s'effacer dans le corner, à attendre le jeu au lieu d'apporter à la création.
Ce n'est pas un shooter né, il lui faut le ballon en main et la confiance pour s'exprimer et véritablement apporter à cette équipe. Lors de la défaite au Mans où il était aligné à la mène en l'absence de Robinson et Hifi, son impact a été limité, confirmant qu'il n'est pas à l'aise dans ce rôle.

Ismaël Bako : l'excès d'engagement
Trop d'engagement et de fautes inutiles caractérisent le début de saison de Bako. Il ne pèse pas sur les rencontres pour le moment et oblige coach Tabellini à utiliser davantage Dokossi au poste 5. Avec seulement 8 minutes de moyenne et 2,3 fautes de moyenne en quatre matchs d'EuroLeague, Bako doit apprendre à canaliser son énergie.
Léopold Cavaliere : en retrait
Moins utilisé que l'année dernière, Cavaliere semble pour le moment pâtir du recrutement, notamment de l'arrivée de Dokossi dans ce rôle d'ailier jouant petit pivot très mobile. Il doit retrouver son rôle d'impact player défensif. Pour le moment discret en attaque, même si on sait que ce n'est pas son point fort, il aura besoin de retrouver du temps de jeu pour reprendre confiance.
Lamar Stevens : l'inconnu
L'ancien joueur NBA n'a pas encore joué depuis le début de la saison. Son profil est pourtant intéressant : ailier athlétique de 1m98 pour 98 kg, fort défenseur capable de scorer en transition ou en attaquant l'interval.
Son arrivée confirme la profondeur d'effectif inédite de ce Paris Basketball. C'est le jour et la nuit par rapport à l'année dernière où le manque de solutions en rotation était criant.
Forces collectives : les raisons d'y croire
Ça gagne !
Avec un bilan de 3-1 en Euroleague et 1-2 en Betclic Elite, le début de saison est encourageant. Les deux défaites au Mans avec un effectif diminué (sans Hifi et Robinson) et contre Monaco sans Justin Robinson et de peu (94-99) ne doivent pas masquer la réalité : cette équipe progresse de match en match.
L'effectif semble plus long, avec plus de qualité dans la rotation que la saison dernière. C'est intéressant et cela augure une belle saison, d'autant que Lamar Stevens n'a pas encore disputé la moindre minute.
Une défense étouffante et une intensité record
Il semble que le curseur d'intensité soit encore monté d'un cran sous Francesco Tabellini. Les rotations sont incessantes et le nombre de ballons gagnés en défense est impressionnant : 18 ballons perdus en moyenne en EuroLeague pour les adversaires du Paris Basketball.
Les équipes ont par moments vraiment du mal à dérouler leur jeu, comme Monaco en début de deuxième mi-temps lors du match de Betclic Elite qui a vu les Monégasques complètement étouffés par la pression parisienne. Cette défense agressive permet également d'alimenter le jeu de transition rapide, pierre angulaire de l'identité parisienne. A noter la capacité à piquer des ballons des parisiens avec en moyenne 10,5 interceptions par match EuroLeague dont 3,3 uniquement pour Nadir Hifi!
Le switch défensif et l'impact physique
Avec la présence de nombreux joueurs polyvalents sur les postes 2-3-4 (Ouattara, Stevens, Morgan, M'Baye, Willis, Dokossi, Cavaliere, Hommes), les Parisiens ont la capacité de switcher constamment et véritablement casser le rythme adverse sans donner de mismatch.
En rotation, le cinq composé de Robinson, Herrera, M'Baye, Willis et Dokossi au poste 5 est particulièrement intéressant à observer. Dokossi compense son manque de puissance par sa polyvalence, sa longueur et ses capacités athlétiques, permettant à Paris d'aligner des formations très mobiles capables de défendre sur tout le terrain.
La profondeur d'effectif : une vraie différence
15 pros dans l'effectif, on voit la différence par rapport à l'année dernière. Le niveau est homogène et cela change tout sur les rotations. On voit coach Tabellini essayer beaucoup de choses et c'est intéressant pour la suite. Dire que Lamar Stevens, n'a pas encore joué une seule minute.
Cette profondeur permet également de gérer les calendriers chargés de l'Euroleague et de la Betclic Elite, même si les défaites au Mans avec un effectif remanié ont montré les limites de certains remplaçants pour le moment.
La force de frappe à trois points
M'Baye (51,7% en 2022-23 en Euroleague), Willis, Hommes (55,6% cette année), Herrera (50% en Betclic Elite), Hifi, Robinson : autant de joueurs en phase avec leur tir à trois points depuis le début de la saison, prêts à faire péter dès qu'ils sont libres.
Paris affiche 40% de réussite à trois points en Betclic Elite sur la saison avec 13 tirs primés réussis par match sur 32,3 tentatives. Cette menace extérieure constante oblige les défenses adverses à s'étirer, créant ainsi des espaces pour les pénétrations et le jeu près du cercle où Paris excelle également avec 54% de réussite en EuroLeague à deux points.
Faiblesses collectives : les zones d'ombre
Manque de Profondeur à la Mène
C'est le point noir majeur que nous avions déjà identifié lors de la revue d'effectif et cela se confirme match après match. Lorsque Nadir Hifi ou Justin Robinson sont absents, il manque cruellement un créateur capable de faire tourner l'attaque.
La défaite contre Monaco (Justin Robinson absent) en Betclic Elite a été révélatrice : dès que Nadir Hifi était sur le banc, Herrera prenait le relais à la mène. Malgré une volonté de bien faire, ce n'est clairement pas son poste et ça se voit. L'attaque patine, il subit la pression défensive, notamment celle de Matthew Strazel, et a perdu 3 ballons pendant ce match.
La défaite au Mans en Betclic Elite quelques jours plus tôt confirme aussi cette impression. Ayayi était aligné à la mène avec le jeune Moungalla en rotation. À priori, Ayayi semblait être en mesure d'occuper ce rôle, mais il est pour l'instant en dessous du niveau de ses partenaires, apparaissant en retrait et transparent en attaque, notamment en Euroleague, laissant ce rôle de troisième option de création à Herrera.
Un effectif déséquilibré
Avec ce manque de profondeur à la mène et le manque de création, la question d'un ajustement d'effectif se pose. Un renfort serait le bienvenu, mais avec déjà 15 pros, est-ce qu'il y a de la marge ?
L'effectif regorge d'ailiers forts : Stevens, Cavalière, M'Baye, Hommes, Willis, soit 5 joueurs pour ce poste. C'est intéressant par séquences pour pouvoir varier les matchups défensifs et offrir de la polyvalence, mais est-ce vraiment nécessaire d'avoir autant de profils similaires ?
Attention au ballon
On le sait, le jeu du Paris Basketball est un jeu à risque, basé sur la vitesse et la pression constante. L'équipe semble progresser de match en match dans ce domaine et c'est rassurant pour la suite. Cependant, par moment, le nombre de balles perdues reste trop important : 17,3 ballons perdus par match en Betclic Elite, 14,5 en EuroLeague.
L'équipe confond encore trop souvent vitesse et précipitation. Le manque de créateur en rotation met l'équipe sous pression et force le jeu.
Le nombre de fautes individuelles
À cause de l'intensité incessante, le Paris Basketball commet beaucoup de fautes individuelles et se retrouve généralement dès le milieu du quart-temps dans le bonus, ce qui donne des points faciles à l'adversaire. Avec 20,7 fautes par match en Betclic Elite. Les chiffres sont éloquents.
On peut parier que c'est une consigne de coach Tabellini d'être agressif sur le porteur de balle, dans la lignée de ce que proposaient Iisalo et Splitter. Mais trop de fautes "inutiles" sont commises et pénalisent le Paris Basketball. Le manque d'expérience collective et de certains joueurs en Euroleague justifie sûrement cela, mais il faudra ajuster pour atteindre les objectifs fixés.
Conclusion
Le début de saison parisien est extrêmement encourageant. Malgré un effectif totalement remanié et l'arrivée d'un nouveau coach, Paris Basketball a déjà trouvé une identité forte et des automatismes prometteurs. Les grandes satisfactions (Hifi, Hommes, M'Baye, Ouattara) compensent largement les quelques joueurs encore en recherche de rythme. Avec une défense parmi les meilleures d'Europe, une profondeur d'effectif inédite et une force de frappe offensive redoutable, Paris a tous les atouts pour viser haut cette saison. Les ajustements viendront avec le temps, notamment sur la gestion des ballons et des fautes, mais les fondations sont solides. L'aventure européenne ne fait que commencer, et elle s'annonce passionnante !