Aaron Towo-Nansi : futur crack du basket made in France

Il mesure 1m78, et pourtant Aaron Towo-Nansi fait déjà trembler les plus grands. À seulement 16 ans, ce meneur de poche originaire de Bretagne incarne la nouvelle génération dorée du basket français. 

Champion d’Europe U16 en titre, phénomène du Young Star Game, et désormais intégré à l’effectif professionnel de Cholet Basket, le natif de Rennes fascine autant qu’il intrigue. Entre talent précoce et défis physiques, décryptage d’un parcours hors norme qui pourrait bien redéfinir les codes du basket hexagonal.

Un petit gabarit, un immense talent

Quand Aaron Towo-Nansi foule les parquets, une évidence s’impose : la taille ne fait pas tout. Avec son 1m78, il défie tous les standards du basket moderne. Mais ce que lui reprochent certains observateurs constitue paradoxalement sa plus grande force : sa capacité à compenser par l’intelligence, la vitesse et un QI basket remarquable.

“Il a des skills de meneur américain”, résumait Vincent Collet après l’avoir observé au Young Star Game. Cette comparaison n’est pas anodine. À l’image d’Isaiah Thomas en NBA, Aaron prouve qu’avec de la technique et de la vision, un “petit” peut dominer des géants.

Ses statistiques en Championnat Espoirs Elite 2024-2025 parlent d’elles-mêmes : 13,9 points à 41,2% de réussite, 3,0 rebonds et 5,8 passes décisives en 30 minutes de moyenne. Des chiffres impressionnants pour un joueur qui affrontait régulièrement des adversaires ayant quatre ans de plus que lui.

Genèse d’un prodige : les années formatrices

L’histoire d’Aaron commence à Rennes, où il découvre le basket dès son plus jeune âge. “Je suis né avec le ballon dans les mains”, confie-t-il. Dans une famille où ses grands frères et sœurs, ainsi que son père, pratiquaient déjà ce sport, la vocation s’est imposée naturellement.

Très vite, sa précocité saute aux yeux. À 13 ans, il dispute déjà ses premiers matches en U17 avec Rennes. Cette capacité de surclassement permanent forge son caractère et affûte son jeu face à des adversaires plus expérimentés et plus costauds.

En 2023, son transfert à Cholet marque un tournant décisif. L’Académie Gautier, temple de la formation française, lui offre un cadre d’épanouissement idéal. C’est là qu’il va exploser aux yeux du grand public, notamment lors de la finale de Coupe de France U17 2024 à l’Accor Arena, où il plante 21 points face à l’ASVEL dans un match qui le propulse définitivement sous les projecteurs.

L’explosion internationale : champion d’Europe à 15 ans

L’été 2024 consacre Aaron sur la scène internationale. À seulement 15 ans, il devient titulaire de l’équipe de France U16 et guide ses coéquipiers vers le titre européen. Avec 8,6 points, 5,0 passes décisives et 2,7 interceptions de moyenne en 23 minutes, il s’impose comme le métronome de cette équipe championne.

“Aaron, il est dans l’engagement et la concentration de la première à la dernière minute”, témoignait Antoine Rigaudeau après l’avoir observé. Cette maturité précoce, cette capacité à hausser le niveau de ses coéquipiers, fait de lui bien plus qu’un simple talent individuel.

L’été 2025 confirme cette montée en puissance. Lors de l’EuroBasket U16 en Géorgie, il compile 14,1 points, 3,4 rebonds et 6,6 passes décisives en tentant de conserver le titre avec une équipe renouvelée. Malgré une cinquième place décevante collectivement, ses performances individuelles continuent d’impressionner les observateurs internationaux.

Style de jeu : l’art de la compensation

L’analyse du jeu d’Aaron Towo-Nansi révèle un joueur aux multiples facettes. Son premier atout réside dans sa vitesse d’exécution et ses changements de rythme. “Des changements de rythmes et de directions impressionnants, un jeu de pieds ouf pour un lutin”, notait un observateur après l’avoir vu jouer à 14 ans.

Sa vision de jeu constitue son deuxième point fort. Avec 5,8 passes décisives de moyenne en Espoirs, il excelle dans la distribution, capable de trouver le bon partenaire au bon moment. Cette capacité à faire jouer les autres compense largement ses limitations physiques.

Techniquement, Aaron maîtrise tous les fondamentaux. Shooteur correct à trois points (32,7% en Espoirs), il sait varier ses attaques et n’hésite pas à défier des adversaires plus grands en pénétration. Sa réussite aux lancers francs (76% en Espoirs) témoigne de son sang-froid dans les moments cruciaux.

Défensivement, son petit gabarit devient paradoxalement un atout. Rapide et anticipateur (2,7 interceptions par match à l’Euro U16 2024), il compense sa taille par une lecture de jeu remarquable et une intensité constante.

Le Young Star Game : révélation grand public

Le 21 janvier 2025 marque un tournant dans la notoriété d’Aaron. Lors du Young Star Game organisé à Paris en marge des NBA Paris Games, il crève l’écran face à des professionnels aguerris. Ses 12 points, 2 passes et 2 rebonds en 16 minutes ne reflètent qu’imparfaitement son impact sur la rencontre.

“Il a beaucoup de culot et c’est lui qui a sonné la révolte”, observait Vincent Collet. C’est effectivement Aaron qui relance son équipe en première mi-temps avec deux paniers à trois points décisifs, démontrant cette capacité rare à élever son niveau dans les grands moments.

La présence de 33 scouts NBA dans les travées donne une dimension particulière à cette performance. Pour la première fois, Aaron évolue sous l’œil des recruteurs américains, franchissant symboliquement un cap dans sa jeune carrière.

Intégration chez les professionnels : le défi 2025-2026

La saison 2025-2026 marque une étape cruciale avec son intégration à l’effectif professionnel de Cholet Basket. À 16 ans, il devient l’un des plus jeunes joueurs de l’histoire de la Betclic Élite, un statut qui génère autant d’espoirs que de pression.

“Ce qui reflète mon jeu, c’est l’adrénaline, l’instinct”, confie-t-il avant sa première saison pro. Cette philosophie de jeu, basée sur l’instinct et la spontanéité, devra s’adapter aux exigences tactiques du haut niveau et à la puissance physique des adversaires professionnels.

L’enjeu pour Fabrice Lefrançois sera de doser son temps de jeu, entre développement personnel et apport immédiat à l’équipe. La participation en Basketball Champions League offre une vitrine européenne idéale pour poursuivre sa progression face à des adversaires de qualité.

Comparaisons et concurrence générationnelle

Aaron appartient à une génération française exceptionnelle, incarnée par Nathan Soliman, son pendant au poste d’ailier. “Avec Nathan Soliman, sans doute l’un des plus beaux prospects 2009”, confirmait Vincent Collet, établissant d’emblée une hiérarchie dans cette classe d’âge.

Si Soliman (2m04) impressionne par sa polyvalence et son potentiel physique - il a récemment dépassé les 20 points de moyenne en compétition internationale -, Aaron se distingue par sa maturité tactique et sa capacité de leadership. “Le grand intérêt c’est que Nathan et Aaron vont faire briller les autres”, note Nicolas Absalon, sélectionneur des U16.

Cette complémentarité entre les deux phénomènes de la génération 2009 offre des perspectives excitantes pour l’équipe de France future. Leur duo a d’ailleurs brillé lors de l’ANGT Belgrade en mars 2025, confirmant leur statut de références européennes de leur âge.

Limites et défis à surmonter

Malgré son talent indéniable, Aaron doit relever plusieurs défis pour atteindre l’élite mondiale. Sa taille constitue l’interrogation principale. “Pour le moment, la taille d’Aaron Towo-Nansi est une inquiétude pour les scouts”, reconnaissent les observateurs NBA.

Dans un basket moderne où la polyvalence positionnelle devient cruciale, ses 1m78 le cantonnent au poste de meneur. Cette spécialisation peut limiter ses options tactiques et son temps de jeu au plus haut niveau, où la concurrence est féroce à ce poste.

Sa progression physique sera déterminante. À 16 ans, il n’a pas terminé sa croissance, et quelques centimètres supplémentaires changeraient radicalement ses perspectives. “S’il termine sa croissance au-dessus de la barre des 1m80, il faudra le surveiller dans le monde professionnel”, estiment les recruteurs.

La régularité constitue un autre défi. Capable de performances exceptionnelles (36 points en ANGT, 24 points contre Dijon en Espoirs), il doit prouver sa capacité à maintenir ce niveau sur la durée, face à des adversaires qui s’adaptent et préparent spécifiquement sa neutralisation.

Projections NBA : rêve ou réalité ?

La question NBA hante déjà les discussions autour d’Aaron. “Je vise la NBA en 2028”, assumait-il récemment, fixant un objectif clair à seulement trois ans de la Draft.

Les exemples d’Isaiah Thomas (1m75), Ty Lawson (1m79) ou plus récemment Payton Pritchard (1m85) prouvent que les petits meneurs peuvent réussir en NBA, à condition de compenser par d’exceptionnelles qualités techniques et une lecture de jeu irréprochable.

Le développement de son tir à trois points sera crucial. Avec 32,7% de réussite en Espoirs, il possède une base correcte mais devra atteindre les 38-40% pour devenir une menace constante à ce niveau. Sa capacité à créer son tir face à des défenseurs plus grands et plus athlétiques constituera également un test décisif.

L’exemple de Killian Hayes, passé par Cholet avant d’être drafté en 2020, montre que le chemin existe. Mais Aaron devra prouver qu’il possède cette dimension “game-changer” qui fait la différence dans la ligue la plus relevée au monde.

Équipe de France : un avenir en bleu

À court terme, Aaron semble destiné à devenir un pilier des équipes de France jeunes, puis senior. Champion d’Europe U16 en 2024, il vise désormais le titre mondial U17 en 2026 avec ses coéquipiers de génération.

Sa progression constante et sa capacité à performer dans les grands rendez-vous en font un candidat naturel pour intégrer progressivement les sélections senior. Le poste de meneur, traditionnellement occupé par des joueurs expérimentés en équipe de France, pourrait s’ouvrir d’ici quelques années avec les fins de carrière programmées.

L’enjeu de la saison 2025-2026

Cette première saison professionnelle s’annonce cruciale pour l’avenir d’Aaron. Elle déterminera sa capacité d’adaptation au monde professionnel et sa progression physique. Les matches européens en BCL offriront une exposition internationale précieuse pour continuer à se faire connaître des recruteurs.

L’objectif sera de s’imposer progressivement dans la rotation choletaise tout en poursuivant son développement. “Le basket hante mes journées”, confessait-il, témoignant de cette passion dévorante qui peut faire la différence entre un simple talent et un futur champion.

Aaron Towo-Nansi incarne l’espoir d’un basket français en pleine mutation. Dans un sport où la taille semble régner en maître, il prouve qu’avec du talent, de l’intelligence et une détermination sans faille, tous les rêves restent possibles. À 16 ans, il a déjà marqué l’histoire du basket français. Les prochaines années nous diront s’il peut également conquérir le monde.